Dragons de Komodo: un antibiotique miracle se retrouverait dans leur sang!

Les chercheurs sont toujours à la recherche d'un antibiotique pour contrer toutes formes de microbes et le sang des dragons de Komodo en contiendrait un.

90

Des chercheurs américains analysent le sang de plusieurs reptiles, depuis des dizaines d’années, dans l’espoir de découvrir de nouveaux antibiotiques. La raison de ces recherches est qu’ils vivent dans des milieux remplis de pathogènes, mais pour une raison que l’on ignore, ils souffrent rarement d’infections. Récemment, les chercheurs ont trouvé qu’un antibiotique miracle se cachait dans le sang du dragon de Komodo.

Une vie difficile pour les reptiles

Barney Bishop, biologiste de l’Université George Mason, en Virginie, explique que les reptiles ont une manière bien à eux de résister aux infections qui pourraient les assaillir. «Il est connu depuis assez longtemps que leurs propriétés particulières, notamment la capacité de faire repousser un membre arraché, reposent en grande partie sur leur résistance aux infections. Le dragon de Komodo utilise même des bactéries pathogènes présentes dans sa salive pour tuer ses proies. C’est dire à quel point il est résistant aux infections».

Archives Agence France-Presse

 

Une découverte prometteuse

Le dragon de Komodo possède un système immunitaire archaïque qui repose sur une immunité qui lui est innée et non acquise, comme chez l’humain. Par exemple, il s’agit du même principe que la vaccination: nos anticorps sont capables de reconnaître les pathogènes auxquels ils ont déjà été exposés par le passé. Comme l’explique M. Bishop, «Il a beaucoup de peptides antimicrobiens, petites protéines ayant des capacités immunitaires, notamment en modulant l’inflammation. Nous en avons isolé 48 dans le sang du dragon de Komodo, que nous avons ensuite synthétisés et testés sur des pathogènes humains. L’un d’entre eux est particulièrement intéressant, il semble favoriser la recroissance de la peau et combattre les infections cutanées.» 

Les chercheurs ont tenté l’expérience sur une souris transgénique qu’ils utilisent pour étudier les infections cutanées humaines et les résultats ont été très prometteurs. Cependant, il faudra quand même 5 ans avant que les chercheurs puissent pratiquer les premiers essais cliniques sur des humains, donc un gel ou une crème à base de peptides de dragon de Komodo ne pourra pas être commercialisé avant au moins 10 ans, selon eux.

D’autres reptiles pourraient avoir le même type de peptides

Avant de s’intéresser au dragon de Komodo, Barney Bishop et son équipe avaient d’abord étudié les alligators, isolant 45 peptides et en testant 8. «Nous avons eu des résultats intéressants pour deux des peptides contre le staphylocoque doré et la bactérie Pseudomonas aeruginosa, dit M. Bishop. Mais les peptides avaient finalement des liens imprévus entre eux, ils fonctionnaient en combinaison. Alors nous nous sommes tournés vers le dragon de Komodo.» 

Des chercheurs de Singapour se sont aussi concentrés sur le serpent taïpan, un serpent australien, qui est le plus venimeux du monde. Sa salive contient un venin mortel, mais aussi un peptide antimicrobien plutôt gros, qui serait prometteur contre les membranes protégeant certaines bactéries de leurs ennemis. Après avoir testé de peptide antimicrobien sur des souris, ils en sont venus à la conclusion qu’il n’était pas toxique.

Des recherches aussi utiles pour l’armée

En effet, les recherches de M. Bishop ont été financées par la Defense Threat Reduction Agency (DTRA), qui est une agence de recherche du département de la Défense des États-Unis. Il explique que «L’objectif pour eux est de trouver de nouvelles manières de traiter les infections associées aux blessures sur le champ de bataille. Nous les avons joints, au départ, car nous pensions que certains peptides antimicrobiens de reptiles pourraient être utiles contre la maladie du charbon (anthrax). La DTRA a la responsabilité de la recherche antiterroriste.»

Une structure très intéressante

Barney Bishop et son équipe de chercheurs ont étudié les peptides antimicrobiens de plusieurs reptiles et y ont découvert une structure très intéressante qui pourrait s’avérer encore plus efficace que les autres. Comme le précise Monique van Hoek, collaboratrice de M. Bishop à George Mason, «Il s’agit de peptides hélicoïdaux, relativement petits, avec seulement quelques dizaines d’acides aminés, et chargés positivement. Ça pourrait être intéressant pour le développement de médicaments antimicrobiens. On pourrait copier cette structure au lieu d’utiliser directement les versions synthétiques des peptides antimicrobiens de reptiles. Mais il faut comprendre pourquoi cette structure est particulièrement toxique pour les pathogènes.»

Des dragons de Komodo bien traités

M. Bishop a pris la peine de bien préciser qu’aucune maltraitance n’est faite aux dragons de Komodo et aux alligators durant ses recherches. Il ne prend qu’une simple goutte de leur sang. «C’est l’équivalent d’une tête d’épingle. Une fois que nous avons identifié les peptides antimicrobiens, nous les synthétisons pour les tester. Alors nous n’avons qu’un impact minime sur les animaux.» 

Tous les reptiles utilisés pour les tests de ces recherchent réside sur la ferme d’alligators de St Augustine, en Floride. Il s’agit d’un zoo fondé dans les années 20 et ça fait près de 50 ans qu’il collabore avec l’Université de Floride. Ainsi, c’est plus d’une cinquantaine d’espèces de reptiles qui sont disponibles pour les recherches.


Source: http://www.lapresse.ca/actualites/sciences/201707/08/01-5114531-dragon-du-komodo-un-antibiotique-miracle-dans-le-sang.php